Construire un système énergétique sans CO2 est-il possible ?

Cela revient à se poser la question suivante : quelle est la quantité de combustibles fossiles nécessaire pour construire un système énergétique sans CO2 ?

Du point de vue du budget carbone mondial, la transition énergétique vers une énergie 100 % renouvelable nécessite moins d’un an d’émissions mondiales. Oui, moins d’un an !

La demande énergétique mondiale équivaudra à 23,6 térawatts en 2050

Comment en arriver à cette conclusion ? Comme point de départ, on a pris comme hypothèse une demande énergétique mondiale de 23,6 térawatts en 2050 (source : Greenpeace Energy Revolution, 2015). Bien entendu, l’énergie nécessaire à la production d’unités d’ER diminue avec le temps et diffère également en fonction de la technologie utilisée, de sorte que nous ne pouvons qu’estimer approximativement l’ampleur des émissions de CO2 générées par la transition énergétique.

Le calcul montre qu’environ 25 GtCO2 seront émis pour construire un système 100% ER. Actuellement, le monde émet 40 Gt de CO2 par an.

Des inconnues de taille subsistent

Pour simplifier l’estimation des émissions liées aux ajouts de capacité, nous avons supposé un mélange énergétique grossièrement simplifié de 50% d’énergie éolienne et 50% d’énergie solaire. Au moins deux inconnues peuvent modifier le résultat :

  • D’une part, les émissions de production des panneaux solaires peuvent être réduites plus rapidement que de manière linéaire, en raison de l’efficacité (par opposition à la décarbonisation du système énergétique).
  • D’autre part, nous n’avons pas calculé l’énergie nécessaire à la construction de la capacité de stockage et aux mesures de réduction des besoins en chauffage. Ces deux facteurs pointant dans des directions opposées, ils s’équilibreront dans une certaine mesure.

En conclusion, dans la perspective d’un budget carbone mondial, on pourrait dire que la transition énergétique mondiale vers une énergie 100 % renouvelable est relativement « bon marché », puisqu’elle nécessite moins d’un an d’émissions mondiales.

Cependant, les données scientifiques sur les impacts à long terme des niveaux de CO2 supérieurs à 350 ppm (Hansen et al. 2008) suggèrent qu’il n’y a pas lieu de se reposer sur ses lauriers. Il est urgent d’entreprendre la transition vers une économie à 100 % d’énergie propre à l’échelle mondiale pour s’assurer que le réchauffement climatique ne déclenche pas une réaction de fuite dans le système climatique mondial, impliquant d’énormes « bombes » de carbone telles que les clathrates de méthane du fond des océans qui pourraient éclipser les émissions humaines.

Des politiciens encore frileux pour passer aux énergies vertes

Bien que le mouvement mondial en faveur d’une économie à 100 % des énergies renouvelables soit très encourageant, les politiques actuelles sont loin de nous orienter dans cette direction. Certains gouvernements ralentissent en fait la transformation, les mesures législatives sont insuffisantes et les groupes d’intérêt des énergies fossiles gagnent en pouvoir politique.

Les décideurs politiques devraient plutôt intégrer ces faits lors de l’élaboration de leurs CDN et de leurs politiques fiscales et énergétiques nationales dans les années à venir. Les subventions aux combustibles fossiles doivent être supprimées rapidement, les politiques énergétiques doivent être réorientées vers la satisfaction des besoins fondamentaux de manière efficace, de nouveaux mécanismes de financement pour le déploiement des énergies renouvelables doivent être mis en place et, surtout, les investissements et le soutien à l’extraction de nouveaux combustibles fossiles et aux infrastructures doivent être arrêtés de toute urgence.

Ce calcul donne l’espoir que la transition vers une énergie 100% renouvelable peut être réalisée sans ajouter une charge énorme sur les niveaux de CO2 dans l’atmosphère. Cela n’arrivera pas à temps pour éviter le chaos climatique sans des efforts supplémentaires substantiels.

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